Lycée Edward Steichen

Les coordonnées 69617 E / 125748 N marquent l'emplacement du Lycée Edward Steichen à Clervaux, l'un des projets phares de JONAS Architectes. Au total, ce projet a nécessité 12 ans, de la phase d'étude préliminaire à la réception finale du bâtiment, alors que la construction proprement dite n’a duré que trois ans.

Le nouveau lycée a été construit sur l’ancienne friche industrielle de CTI Systems, couvrant une surface de 3 hectares. Le site est implanté dans le prolongement nord de la vallée de Clervaux, à proximité immédiate de la gare, bénéficiant ainsi d’un emplacement stratégique privilégié. Il est également bordé par les rives de la Clerve, un cours d'eau sujet à des crues importantes malgré sa taille modeste.

Outre les contraintes urbanistiques et environnementales, les besoins fonctionnels ont guidé la conception volumétrique du projet. Le bâtiment a été conçu pour accueillir jusqu'à 650 élèves.

Le concept urbanistique de ce projet se concentre sur la création d'un site à l'identité distincte, répondant aux besoins éducatifs tout en étant ouvert à la communauté locale. L'environnement naturel joue un rôle central dans cette conception, avec une volonté affirmée de respecter et de préserver la nature environnante, créant ainsi une symbiose harmonieuse avec son cadre naturel.

Le bâtiment est structuré en quatre ailes disposées autour d'une cour intérieure, offrant ainsi un espace à l’abri des flux routiers et ferroviaires : le bloc A à l'ouest abrite les ateliers, le bloc C à l'est est dédié aux salles de classe, le bloc S, qui prolonge les salles de classes, au nord, est réservé aux activités sportives, tandis que le bloc P au sud regroupe l’entrée ainsi que les fonctions communes et publiques du bâtiment, telles que l'accueil, la restauration, l'administration et les espaces réservés au corps enseignant.

Au sud, un parvis permet de relier le site aux transports publics, avec la gare ferroviaire et la gare pour autobus.

Pour garantir une intégration harmonieuse avec le tissu urbain environnant, notamment le long de la route de Bastogne, les différentes ailes du bâtiment ont été conçues avec des hauteurs similaires à celles des logements collectifs en face. De plus, un large escalier relie les deux niveaux du site, offrant un accès pratique à la terrasse de la cour intérieure. Au niveau de la cour intérieure, cet escalier est orné d'une fresque monumentale réalisée par l’artiste luxembourgeois de renommée internationale, Paul Kirps.

À l'est, le terrain est délimité par la Clerve et les voies ferrées de la ligne Luxembourg-Troisvierges. Dans le cadre du projet, les rives de la Clerve ont été réaménagées pour accroître la capacité de rétention des eaux en cas d'inondations. Des chemins et des espaces de détente sur pilotis ont été aménagés pour permettre à tous de profiter toute l'année de cet écosystème revitalisé. Le sentier sur pilotis, ouvert au public, a été intégré au tracé de la piste cyclable. De plus, le pont ferroviaire a été réaligné pour favoriser un écoulement plus naturel des eaux de la Clerve.

Pour relier visuellement la cour intérieure à cet espace naturel, l'aile des salles de classe repose sur des piliers, surplombant les bassins de rétention des eaux de pluie. Cette transition entre l'aménagement structuré de la cour et la nature environnante favorise la création d'un environnement verdoyant propice à la détente et aux activités récréatives.

Clervaux, surnommée la « Cité de l’image », se présente comme un véritable musée à ciel ouvert où la photographie fusionne avec le paysage naturel, offrant ainsi une source d'inspiration pour les réflexions architecturales les plus audacieuses. Dans cette optique, une œuvre emblématique de Raymond Clement, capturant les hêtres majestueux du Parc naturel de l’Our, a servi de point de départ à la conception des façades. Transformée en motif tramé, cette image distinctive a été appliquée sur les tôles perforées des façades du hall sportif et d'une partie du bloc des ateliers. Ce motif se répète également sur les protections extérieures des fenêtres, ainsi que sur les murs acoustiques de la salle polyvalente, le restaurant et les vitrages des salles de classe, conférant ainsi une unité visuelle remarquable à l'ensemble du projet.

À l'intérieur, le béton est à l'honneur. Il est mis en valeur à travers la réalisation de voiles en béton brut, coffrés selon une méthode de planchettes verticales, ainsi que par l'utilisation du terrazzo pour les revêtements de sol. Le contraste est subtilement souligné par l'utilisation du chêne naturel, choisi pour le mobilier sur mesure, les parquets des salles de classe et des bureaux. Des touches de couleur viennent apporter du dynamisme à l'ensemble, notamment à travers l'application de carreaux muraux multicolores et le mobilier.

L'ambiance générale de l'architecture se veut volontairement épurée et sereine, privilégiant l'utilisation de matériaux bruts et tactiles. L'intégration du thème « Nature et Photographie » sur les divers éléments, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur, confère au bâtiment une dimension poétique et originale, tout en renforçant son harmonie avec son environnement naturel.

Une attention particulière a été accordée à la conception et à la réalisation d'une enveloppe parfaitement isolée et étanche à l'air. De plus, un accent particulier a été mis sur l'utilisation maximale de la lumière naturelle dans les espaces, tout en respectant les exigences de protection contre la surchauffe estivale.

Le hall sportif a été conçu avec les mêmes préoccupations. Son toit est équipé de six "sheds" qui couvrent un tiers de sa surface au sol. Les poutres principales en béton apparent, d'une portée de 28 mètres, ont été inclinées pour former des lanterneaux surdimensionnés, dotés d'un vitrage fonctionnel intégrant un réflecteur, incliné à 7 degrés par rapport à l'horizontale et orienté vers le nord. Un verre satiné sur la face inférieure du vitrage évite les reflets gênants. Avec une valeur g moyenne de l’ordre de 10%, le vitrage à réflecteur intégré lutte en outre efficacement contre la surchauffe estivale. Grâce à cette conception, l'utilisation de l'éclairage artificiel est grandement réduite, limitée aux crépuscules et aux journées sombres. De plus, les luminaires LED sont automatiquement modulés en fonction de la luminosité naturelle mesurée dans chaque espace.

Pour répondre aux besoins énergétiques, deux tiers de la consommation électrique du bâtiment sont couverts par des panneaux solaires installés sur les toits.

Pour assurer un climat intérieur confortable et une qualité d'air optimale, les différents espaces du lycée sont ventilés naturellement grâce à des ouvrants motorisés, régulés intelligemment en fonction des températures ambiantes et de l'activité dans la pièce. Cette régulation optimise également le système de Free-Cooling du bâtiment pendant les mois d'été.

La production de chaleur est assurée par des chaudières à pellets. De plus, un système spécifique de traitement des eaux est mis en place pour exploiter les eaux résiduaires de la piscine (eaux de douche et eaux de rinçage des filtres), permettant ainsi de récupérer la chaleur et de réutiliser les eaux usées.